ENTRETIEN – CORENTIN MARTINS (MAURITANIE) : “LE GRAND OBJECTIF, C’EST DE SE QUALIFIER POUR LA CAN 2019”
Engagée au CHAN 2018, compétition uniquement réservée aux joueurs locaux, la Mauritanie s’est fixée comme objectif de se qualifier pour la CAN 2019.
Samedi, la Mauritanie a donné le coup d’envoi du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN 2018), tombant lourdement face au pays organisateur, le Maroc (0-4). Une prestation décevante des hommes de Corentin Martins, bien décidés à relever la tête mercredi face au Soudan. Pour Goal, le sélectionneur est revenu sur le début de compétition de son équipe et s’est projeté sur la suite. Prolongé récemment jusqu’en décembre 2018, il ambitionne également de qualifier les “Mourabitounes” pour la première Coupe d’Afrique des Nations de leur histoire.
- Comment se porte votre groupe après la lourde défaite de samedi face au Maroc (0-4) ?
Corentin Martins : Le groupe est forcément déçu parce qu’on espérait faire mieux. On
a affronté le favori de la compétition, je pense. On a été timorés par l’ambiance, la cérémonie et tout ce qu’il y a eu avant le match. On n’a pas montré notre vrai visage et c’est ce qui est décevant.
- Votre aviez opté pour un schéma en 5-3-2, pourquoi ce choix ?
C’est un choix assez simple. Lors des matches précédents et même dans la course à la qualification pour le CHAN, on a eu du mal à défendre à quatre sur la largueur. C’était le cas contre le Mali qui nous avait perturbé par son animation offensive. C’est pour ça qu’au match retour, j’avais opté pour une défense à cinq et on avait gagné 1-0. Le Maroc a un peu les mêmes principes de jeu. Il ne fallait pas leur laisser de profondeur, trop d’espaces. On a bien défendu pendant 65 minutes. Après, on a encaissé un but, puis deux. Du coup, j’ai décidé de passer à quatre derrière en essayant de lancer des attaquants, mais on s’est fait contrer et on en a pris deux autres. Ma déception, c’est qu’on n’ait pas réussi à tenir plus le ballon.
- Doit-on s’attendre à du changement mercredi contre le Soudan ?
Oui, il y aura du changement, parce que c’est difficile pour mes joueurs d’enchaîner deux matches en quatre jours. Des joueurs frais vont rentrer et il faudra qu’on utilise plus le ballon, ça c’est sûr.
- Avez-vous été surpris par la victoire du Soudan contre la Guinée, dimanche soir (2-1) ?
Un petit peu parce qu’on s’attendait tous à ce que la Guinée batte le Soudan, surtout qu’en qualifications elle avait battu le Sénégal 5-0. Mais le Soudan a joué son jeu. Ils ont bien défendu, exploité les contres et quand même bien utilisé le ballon. C’est une équipe qui défend assez bas avec un attaquant intéressant sur le plan de la profondeur. Il faut s’en méfier.
- “La Mauritanie doit apprendre de ce genre de compétitions”
C’est votre première grande compétition avec la Mauritanie. Avez-vous le sentiment de passer un test à la fois collectif et personnel ?
Je ne vais pas parler de moi, mais surtout du groupe et de la Mauritanie. C’est sa deuxième expérience dans le CHAN. La Mauritanie est une nation qui est jeune au niveau footballistique. Il faut qu’elle apprenne et ce genre de compétitions est important pour faire grandir les plus jeunes en vue des prochaines échéances.
Au CHAN 2014, la Mauritanie n’avait pas pris de point. Dans votre esprit, on imagine qu’un zéro pointé est à exclure…
Disons qu’on espère tous marquer des points. On a tous l’ambition de se qualifier même si on sait que ce sera difficile face au Soudan et la Guinée. Ce que je ne veux pas, c’est qu’on ait des regrets à la fin.
- Un objectif clair a-t-il été établi avant le début du CHAN 2018 ?
Non, le but c’est surtout de montrer une bonne image du football mauritanien, de ses joueurs, et d’essayer de se rapprocher de la qualification pour le prochain tour. On sait qu’au CHAN 2014, aucun point n’a été pris, mais je ne vais pas dire pour autant qu’on veut prendre un point et faire mieux. Ce serait manquer d’ambition.
- En 2019, il y aura la CAN et vous venez de prolonger votre contrat avec la Mauritanie jusque là…
En fait, j’ai prolongé jusqu’en décembre 2018. Il y a eu une modification dans le calendrier. Le dernier match de qualification devait se jouer en novembre 2018 et là, avec le changement de calendrier, je ne serai peut-être pas sous contrat en mars 2019 pour le dernier match. Ça dépendra des rencontres qui vont venir et je pense qu’en novembre 2018 on en saura un peu plus.
“Depuis mon arrivée, on a déjà énormément progressé”
- Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à poursuivre l’aventure ?
Je vis une belle aventure avec les joueurs, que ce soit les locaux ou les A. J’ai de bonnes relations avec les dirigeants et j’ai le sentiment qu’on n’a pas encore atteint le summum au niveau de notre potentiel. On a raté la qualification pour la CAN dans un groupe difficile avec l’Afrique du Sud et le Cameroun, en terminant deuxième devant l’Afrique du Sud. En se qualifiant pour le CHAN, on a fait mieux que précédemment. Le grand objectif désormais, c’est de se qualifier pour la CAN 2019. On a commencé par une victoire à l’extérieur. Maintenant, il faut enchaîner avec un bon résultat en septembre contre le Burkina.
La CAN à 24 est un vraie bonne nouvelle pour une sélection comme la vôtre…
Aujourd’hui, avec deux qualifiés par poules, c’est une chance supplémentaire de se qualifier par rapport aux éditions précédentes et je ressens plus d’attentes de tout le monde. Je le répète, c’est notre grand objectif, mais le Burkina, l’Angola et le Botswana feront tout aussi pour terminer dans les deux premiers.
- Que peut-on attendre du football mauritanien à l’avenir ? L’ouverture de nouvelles académies, par exemple ?
Ça prendra du temps, mais depuis mon arrivée, on a déjà énormément progressé, notamment au niveau des infrastructures. Avant il y avait un terrain d’entraînement, c’était le terrain de l’académie. Maintenant, il y en a trois. Le président, avec le DTN, a réussi à mettre en place des championnats des petites catégories. Il y a Ligue 2, les championnats des 17 ans, des 15 ans. Tous les clubs doivent aussi avoir dans leurs effectifs un minimum de joueurs de 20 ans. Avec les U15, il y a Oumar N’Diaye, qui était mon capitaine il y a un an, par exemple. Il a une expérience de la France et travaille avec eux dans l’objectif de se qualifier pour la CAN U17. Le président fait ce qu’il faut pour progresser et c’est le plus important.
Vous aviez essayé de convaincre l’ancien buteur d’Amiens, Aboubakar Kamara. Pourquoi ne vous a-t-il pas rejoint ?
J’ai essayé de le rencontrer, mais ça n’a pas pu se faire. Il a préféré ne pas venir. On m’a dit qu’il était un peu timide, donc je ne lui ai pas trop mis la pression. Je pense qu’il faut une vraie volonté personnelle pour venir en sélection. Il a fait les sélections de jeunes en équipe de France et je pense qu’il a des ambitions plus élevées que de venir jouer pour la Mauritanie.
Propos recueillis par Benjamin Quarez
source : Goal