Extraction de l’or en Mauritanie: Le cyanure, c’est sûr?

À 300km au nord de Nouakchott, se trouve la seule mine d’or au monde, exploitée par Tasiast, qui n’est pas encore certifiée comme répondant aux normes internationales pour la protection de l’environnement. Tasiast martèle tout de même que le site est sécurisé du point de vue de l’utilisation du cyanure.


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La mine d’or de Tasiast à 250 kilomètres au nord de Nouakchott

«La technique de cyanuration utilise la propriété de solubilité de l’or dans une solution diluée de cyanure de sodium. celui-ci est un poison violent et soumis à des règlements de manipulation stricts. Dans le procédé de cyanuration, le minerai d’or finement écrasé est mis en contact avec la solution de cyanure dans des cuves. Le liquide résultant est alors filtré puis désoxygéné; enfin l’or est précipité en ajoutant la poussière de zinc à la solution. Le précipité d’or est récupéré par filtration puis fondu dans un four, puis coulé en barres.» explique Mohamed Salem Barikallah, biologiste et impliqué dans le suivi des conséquences environnementales de l’exploitation aurifère par Tasiast en Mauritanie.

Pour lui un tel processus n’a pas été sans conséquences sur la faune et la flore des environs d’exploitation. «D’énormes quantités de ce poison sont stockées, emballées dans des sacs en plastique à l’intérieur de sacs, le tout à l’intérieur d’une clôture faite de barbelés qui ne protège de rien. Il s’agit donc d’un stockage à ciel ouvert, à la merci de toutes les intempéries» soutient le biologiste. «Comment voulez-vous parler de sécurité dans ces conditions?».

Un rapport datant de 2009, élaboré par l’expert agronome Mohamed Lemine Ould Ahmed, à la demande de la Cour d’Appel de Nouakchott, précisait que MCM, l’autre grande compagnie d’exploitation aurifère en Mauritanie, reconnaissait le risque de danger environnemental, du fait de la présence de cyanure.

Ce rapport préconisait un «contrôle de ces substances toxiques de la part d’un spécialiste en la matière». Et il réfutait l’allégation selon laquelle «la compagnie aurait prévu une étude d’impact environnemental», soulignant que le ministère de l’Environnement et par le biais d’un rapport officiel avait confirmé que la société MCM ne disposait d’aucune étude d’impact environnemental. Et les choses n’auraient pas changé selon une source proche du secteur.

En 2009, Tasiast a dû user de 14.26 tonnes de cyanure rejetés ensuite dans la nature après avoir été stockés à ciel ouvert. Selon le biologiste Mohamed Salem Barikallah, une telle quantité, et «un tel processus d’expulsion justifie les inquiétudes les plus pessimistes sur la dégradation des environs», d’autant que des «décès inexpliqués d’animaux à des points d’eau environnant ont été enregistrés».

«Les bacs de décontamination de la société Tasiast ne sont pas étanches» rappelle le biologiste. Quant à la concentration limite, maximale autorisée de 50 ppm (partie par million), et encore pour certaines personnes, elle serait largement dépassée dans les couloirs miniers de Tasiast, ainsi que de MCM, qui flirterait souvent avec les 120 ppm, sachant qu’à partir de 200 ppm une exposition prolongée peut être mortelle. Tous ces éléments réunis justifient selon Barikallah que Tasiast Mauritanie ne soit pas encore certifiée comme répondant aux normes de sécurité internationale.

  • «Des informations erronées»

  • Cuves de cyanuration pour extraire l’ora-227.jpg

«Afin de répondre aux engagements de notre politique environnementale, Tasiast a aligné son système de performance environnementale et de gestion de la sécurité (EHS), sur le modèle mondial ISO 140001 (pour l’environnement), et sur la norme OHSAS 18001 (pour la santé et la sécurité). Ce système définit des normes et directives les plus exigeantes et innovantes ; notamment pour la qualité de l’air, la gestion de l’eau, la régénération et la biodiversité.» explique un technicien et consultant qui a eu à travailler avec Tasiast.

«Il faut savoir qu’il n’y a aucun cas d’empoisonnement ni d’animaux ni d’humains révélé, lié aux activités de Kinross Tasiast. La cyanuration se fait suivant des procédures draconiennes de sécurité. Ce, de l’importation à l’utilisation, en passant par le transport et le conditionnement.» continue la source.

Toute la zone d’activité serait donc sécurisée par une barrière ne laissant aucune probabilité à ce que des animaux puissent se retrouver dans la mine. «Quant aux poches d’eau qui se situent à 60 mètres en profondeur qui ne sont pas d’ailleurs potables (car naturellement chargées en mercure), elles n’ont aucune chance d’être contaminées par la cyanuration car avec le système de drainage gravitaire et le monitoring, il n y a pas de risque de contamination possible» soutient la source.

Par ailleurs, selon la source, jamais Tasiast n’aurait atteint les 16ppm au niveau du Ph de l’air. «Donc il est plus dangereux de fumer une cigarette que de se retrouver à Tasiast» affirme-t-elle.

Pareilles réfutations quant aux cas d’empoisonnement: il n’y en aurait jamais eu directement ou indirectement imputables à la compagnie canadienne. «Tasiast, mais aussi le ministère de l’environnement en fait une sérieuse préoccupation» conclut-elle.

Mamoudou Lamine Kane

Source : Noor Info
20 – 09 – 2011

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