L’AFRIQUE, TERRAIN DIFFICILE POUR LES JOURNALISTES DE RFI ET FRANCE 24

Les promoteurs de la fusion entre RFI et France 24 voudraient voir doubler leur audience en misant sur l’Afrique, selon le journal La Croix. Mais dans certains pays, le travail des journalistes de ces deux rédactions n’est pas sans danger, justement à cause de leur popularité sur le continen

Les journalistes de RFI et de France 24 éprouveraient des difficultés à travailler dans certains pays du continent africain, selon La Croix, qui consacre un long article au sujet. Réunis du 3 au 9 juin dernier durant le séminaire des correspondants Afrique de RFI, France 24 et Monte-Carlo Doualiya (ex-RMC Moyen-Orient, radio publique française arabophone, à destination du Proche et Moyen-Orient, du Golfe et du Maghreb), les journalistes ont partagé leurs expériences parfois compliquées sur le terrain.

Selon Jean Karim Fall, directeur adjoint chargé de l’Afrique pour l’AEF (Audiovisuel extérieur français, l’organisme public qui chapeaute ces trois rédactions), certains pays “paranoïaques” prêtent à RFI et France 24 la capacité d’influer sur l’opinion publique. “De sorte que les attentes des acteurs politiques locaux sont énormes vis-à-vis de nous. Un exemple? L’opposition organise une manifestation, réunissant 500 personnes, mais prétend qu’il y en avait 15 000. Furieuse du chiffre que nous donnons, elle nous accuse d’être à la solde du gouvernement “.

Tatiana Mosso, correspondante franco-camerounaise à France 24 en a fait les frais lors de l’élection ivoirienne de décembre 2010. La journaliste qui avait annoncé le résultat du deuxième tour à l’antenne (Alassane Ouattara l’emportait devant Laurent Gbagbo) a dû être rapatriée en France face au déferlement d’agressivité à son égard. “Dans mon cas personnel, j’ai été ciblée parce que France 24 est regardée en Côte d’Ivoire. Mes deux collègues de BFM et de iTélé, qui avaient donné Ouattara gagnant au même moment que moi, n’ont pas été inquiétés.”

Le blog Africamix, tenu par le journaliste du Monde Olivier Herviaux, rapporte lui aussi les difficultés des journalistes de RFI et France 24. Herviaux explique que les réalités liées “au climat politique, économique et social des pays”, engendrent des conditions de travail parfois très difficiles. “Des situations qui, parfois, ne permettent même pas d’évoquer tel ou tel Etat, afin d’éviter de mettre en difficulté le correspondant facilement identifiable, car souvent seul et unique journaliste de RFI, France ou Monte-Carlo Doualiya sur place…” Des difficultés parfois oubliés par la direction, selon le journaliste. “Sur le terrain, les correspondants sont confrontés à des réalités qui peuvent paraître assez éloignées des propos stratégiques et économiques de la direction du groupe.”

DOUBLER L’AUDIENCE EN TROIS ANS

Les journalistes en difficulté car leur rédaction pèse lourd sur place ?Pourtant, augmenter l’audience était le principal objectif ciblé par les investigateurs de la fusion de RFI et France 24 au sein de l’AEF, voulue par Nicolas Sarkozy. “Nous voulons donner à l’AEF les moyens de rattraper, voire dépasser, les deux leaders mondiaux: l’américaine Broadcasting Board of Governors (BBG) et la britannique British Broadcasting Corporation (BBC), qui ont respectivement 260 et 160 millions d’auditeurs, de téléspectateurs et d’internautes. Nous sommes à 100 millions. Notre objectif avec la fusion? Doubler notre audience dans les trois ans!”, explique dans La Croix Franck Melloul, directeur de la stratégie, de la recherche et du développement international pour l’AEF.

Selon Melloul, RFI et France 24 bénéficient déjà d’une audience importante sur le continent africain. “RFI y réalise 60 % de son audience globale et France 24, 45 %. En nombre d’auditeurs hebdomadaires, RFI est écoutée par 24,4millions de personnes en Afrique francophone, tandis que France24 est suivie par 19,6millions de téléspectateurs.” Et c’est justement pour cette raison que les promoteurs misent sur le continent. Selon le blog Africamix, , la direction de l’AEF souhaiterait développer les deux territoires principaux du groupe : l’Afrique francophone, et le monde arabophone (Maghreb, Machrek, Proche-Orient et Moyen-Orient).

Laurent Larcher, responsable de la rubrique Afrique de La Croix, met en doute la stratégie de développement de l’AEF : “Élaborer une stratégie de développement en regardant du côté de la BBC et de la BBG, n’est-ce pas se tromper de cible ?” Le journaliste explique que la transformation du paysage médiatique en Afrique devrait être prise en compte : “De nouveaux acteurs internationaux ont pris pied sur le continent, comme la chaîne qatarienne Al-Jazira. Mais surtout, des acteurs locaux qualifiés sont apparus ces dernières années”. Il prend en exemple la radio RFM du groupe sénégalais Futurs Médias créé en 2003 par Youssou N’Dour. Celle-ci est aujourd’hui la plus écoutée du pays, alors que RFI ne se retrouve…qu’à la sixième place.

Vendredi dernier, Jean-Paul Cluzel remettait son rapport sur la fusion RFI-France 24 au sein de l’AEF aux ministres Laurent Fabius et Aurélie Filippetti. Selon les premières fuites, le rapport Cluzel ne remettrait pas en cause la fusion juridique de RFI-France 24 sous l’égide de l’AEF. Mais la fusion des deux rédactions serait abandonnée.

(Aude Garachon)

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