Lettre à Habib Ould Mahfoud

“Power tends to corrupt, absolute power corrupts absolutely”

Cher Habib,

Si je t’écris aujourd’hui, c’est pour plusieurs raisons. D’abord, parce que personne ne l’a fait jusqu’ici. Ensuite parce que je trouve que tu es un personnage public, un peu comme Nasridin, tu lui avais bien écrit, toi… Je reprends, d’ailleurs, les mêmes arguments que tu avais avancés pour le faire et qui, à mon avis, s’appliquent aussi à toi :


« Vous êtes un personnage public. Vous l’avez voulu. Vous nous appartenez au même titre que la ville de Chinguitti, la Sonimex, le drapeau national, Sidati Ould Abba, la Garde Nationale, Ahmedou Abdel Kader, Boghé Escale ou Mokhtar Ould Daddah »

Enfin, j’aimerais t’informer de ce qui s’est passé, après toi, en Mauritanie et ailleurs ; car il « eut été inconvénient de laisser un si grand personnage si longtemps sans nouvelles »

Exit

Commençons par la Mauritanie. Il y a quelque chose dont je tiens à te parler en premier, et dont j’aurais voulu te parler depuis longtemps : le Livre (AL Kittab). Pas le livre saint. Non. C’est tout à fait autre chose. Nous avons souffert après toi de ce qu’on a appelé : « la campagne du livre ». Il n’y avait que ça, jour et nuit, à la radio, à la TV, dans les discours officiels, lors des « caravanes » (une autre trouvaille qui consistait en ce que des zouaves montés en 4X4 partent sillonner les coins reculés du pays pour porter la bonne parole), les visites présidentielles (que tu appelais à juste titre « les visitations »). Cette campagne était une idée du Président Ould Taya. Elle consistait en la promotion du livre, de la lecture, etc. Les courtisans s’en sont emparée et, partout, on organisait toutes sortes d’activités pour montrer qu’on était bien du côté du Président : on instituait des « bibliothèques » aussi fictives que les « salles d’alphabétisation » que chaque parvenu ouvrait dans sa Moughata pour, prétendait-il, «appliquer les directives clairvoyantes de la Direction Nationale ».

Tu connais le Carrefour Madrid, on y a érigé un monument en forme de livres. Le socle sur lequel on l’a monté n’est pas assez haut, et comme on a planté des palmiers tout autour, quand ceux-ci pousseront, il ne sera plus visible. Heureusement.

Je te jure que tu nous as vraiment manqué pendant tout ce temps. La campagne du « Livre » n’aurait mérité pas moins d’une centaine de Mauritanides pour en épuiser tout le ridicule. Oh ! Comme j’ai souhaité que tu fusses encore parmi nous et que tu lui aies refilé- ce que tu savais si bien faire- la claque qu’elle méritât !

On est allé jusqu’à organiser un méga concert dans le Stade Olympique avec tout ce que le pays comptait d’artistes, de griots, de poètes, de courtisans- la présence de cette dernière catégorie faisait que le stade refoulait du monde – où on a chanté ce qu’on a appelé « l’hymne du livre», qui commençait ainsi :

Lektab vekhbaru dhe lli raiisna gal jwabu

Eheih we eheih melli wuldhak yewhel viktabu

Je te fais grâce du reste de cette ode à la… -je n’ai pas trouvé de mot assez dur pour la qualifier- j’ai un instant envisagé « médiocrité », puis j’ai essayé « imbécillité » puis « hypocrisie », mais j’ai laissé tomber, aucun de ces termes ne faisant l’affaire.

Mais, heureusement, depuis le 3 août dernier, on ne la passe plus à la TV. Tu sais pourquoi ? Non, tu ne le sais pas encore ! Non, je ne laisserai pas durer le suspense plus longtemps : ce jour-là, Ould Taya a été déposé par un coup d’Etat militaire. Les auteurs nous ont épargné le tintamarre de leur musique militaire et les couvre-feux à répétition. Un speaker a tout simplement lu le communiqué suivant à la télévision :

« Les Forces Armées et de Sécurité ont unanimement décidé de mettre fin aux pratiques totalitaires du régime déchu dont notre peuple a tant souffert ces dernières années. Ces pratiques ont engendré une dérive dangereuse pour l’avenir du pays. A cet effet, les Forces Armées et de Sécurité ont décidé de la mise en place d’un Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie. Ce Conseil s’engage devant le peuple mauritanien à créer les conditions favorables d’un jeu démocratique ouvert et transparent sur lequel la société civile et les acteurs politiques auront à se prononcer librement.

Les Forces Armées et de Sécurité n’entendent pas exercer le pouvoir au-delà d’une période de deux ans, jugée indispensable pour la préparation et la mise en place de véritables institutions démocratiques.

Le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie s’engage en fin à respecter tous les traités et conventions internationaux ratifiés par la Mauritanie. »

Les soulignés sont de moi. En effet, tu le vois certainement mieux que moi, il eut été plus correct de dire « décidé de mettre en place » plutôt que « décidé de la mise en place » ou « décidé la mise en place » tout court, j’aurais préféré aussi « favorables à » à « favorables de.. » comme j’aurais écrit « en fin » en un seul mot « enfin ». Il me semble aussi que l’accord de genre n’a pas été respecté entre « conventions » et « internationaux ». Même si on peut objecter que l’adjectif s’accorde avec le nom masculin « traités », il eut été plus habile de dire « conventions et traités internationaux ». Mais à cause de la fébrilité et de la précipitation qu’on imagine aisément être les leurs, on comprend que les auteurs de ce texte, aient laissé, par inadvertance, s’y glisser, ça et là, quelque menue imprécision de style. Rien de vraiment méchant. Et je ne pense pas qu’il faille leur en tenir grief, la portée de leur acte étant ailleurs : exit Ould Taya. Rideau.

Les moutons

Je vais maintenant me livrer à un exercice difficile que je me suis toujours efforcé d’éviter durant les « vingt glorieuses » années du règne de Ould Taya. J’ai tenu à faire une telle précision afin qu’on ne m’accusât de jouer à je ne sais quel jeu. Je vais citer les réalisations et bienfaits de Ould Taya. Je suis attristé en voyant tous ceux qui l’ont porté aux cieux se détourner de lui : ses plus proches collaborateurs parmi les premiers à applaudir sa chute, les plus fervents militants de son parti les premiers à le vouer aux gémonies, ses partisans les plus dévoués les premiers à tirer à boulets rouges sur son régime… C’est presque indécent de voir les mêmes visages qui, hier encore, défilaient, portraits de Maouya à la main, pour souhaiter la bienvenue au « guide éclairé » dans les bleds perdus du pays, qui ouvraient des « salles d’alphabétisation- spectacle» et qui instituaient des « cellules-prds » à tour de bras, de les voir, aujourd’hui, défiler pour soutenir le CMJD, portraits de Ely Ould Mohamed Vall à la main. Ce spectacle m’attriste. Je suis écoeuré de voir qu’à chaque changement politique majeur on fasse table rase de pans entiers de notre passé, qu’on remette les compteurs de notre histoire à zéro.

Voir le grand nombre de champions-tireurs-sur-les-ambulances que nous avons, s’agiter, me pousse à jouer les avocats du diable. Je tiens donc à rappeler que malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, l’ancien dictateur a été le premier président mauritanien à organiser des élections pluralistes, à instituer une liberté de presse- même si elle n’est que de façade-, à vouloir moderniser l’Etat civil. Qu’il a réalisé de grands projets comme le DOMSAT ou la route de Nouadhibou, qu’il a fait un effort réel de modernisation du pays qui, tant bien que mal, a donné quelques fruits, etc. Je sais que je parle sur le ton d’un militant du Prds, un jour de campagne présidentiel dans sa Moughataa. Je fais un peu exprès. Juste pour servir de contre-exemple. Pour aller à contre-courant du troupeau de moutons.

L’attitude de notre peuple me fait songer à deux sortes de moutons. Premièrement, les moutons de Panurge qui s’imitent niaisement les uns les autres. Dans le Quart Livre, Rabelais décrit « la vengeance de Panurge contre le négociant Didenaut : un mouton jeté à la mer, tous les autres suivent (le dernier entraînant l’infortuné marchand qui tente de le retenir » . Il y a comme une imitation aveugle et bête qui fait que nous partons tous subitement dans la même direction, vers le même but, le même but qui devient ainsi une destination qui va de soi et que personne ne songe à -n’ose- remettre en cause. Et qui conduit parfois à la perte.

Deuxièmement, les moutons de Animal Farm de Georges Orwell qui applaudissent les cochons qui les dirigent (aucune intention péjorative), « vive Snowball ! » ou « vive Napoléon ! », ils ne font qu’applaudir : applaudir les dirigeants et applaudir ceux qui les destituent.

J’espère seulement que la recherche de la personne qu’il faut pour présider aux destinées de ce pays ne soit pas comme la recherche du mouton à cinq pattes.

Mais laissons de côté les moutons, pour observer le comportement des taureaux.

La corrida

Ceux qui étaient du côté de Ould Taya et qui lui ont failli, le 3 août 2005, n’ont fait que ce qu’avaient fait avant eux, le 10 juillet 1978, les partisans de Mokhtar Ould Daddah, les militants du PPM. Ce qui à l’époque avait tellement déçu Mariem Daddah que dans une lettre à Hammam Fall, elle avait eu envie de « brûler Nouakchott comme Néron l’avait fait pour Rome ». De sa retraite qatari, Aicha Mint Ahmed Tolba doit certainement avoir des sentiments similaires quand, pour tuer le temps, elle regarde la TVM et y voit les défilés de soutien au changement du 3 août…Il y a de quoi avoir l’ulcère, de quoi voir rouge…Les militants des SEM de Ould Haidalla n’avaient pas été plus glorieux, un certain 12 décembre 1984…Ici, dans ce pays, on aime notre homme que lorsqu’il est au pouvoir, on aime pas les faibles, les perdants, les has been. Dans cette terre que Cheikh Mohamed El Mamy appelait «Al Mankib Al Barzakhy » (le purgatoire), ce vers du célèbre poète arabe Al Mutannabi continue encore aujourd’hui d’être d’une étonnante actualité :

Ennasu eawanun limen aanethu dewletuhu

Wehum alehyhi itha khanethu eawanu.

Ce qui m’intrigue c’est qu’à chaque fois, il y ait des présidents qui se font prendre au même piège qui a fait la perte de leurs prédécesseurs. N’apprennent-ils jamais la leçon ? Peut être que quand on accède au pouvoir, on commence à voir rouge, comme un taureau de corrida. Avec autant de toreros que de courtisans qui agitent autant de draps rouges que de portraits présidentiels. Olé ! Olé ! Et puis, on procède à la mise à mort, en donnant des coups successifs avant d’assener le coup -d’Etat- de grâce. Il y a bien eu, coup sur coup, le 8 juin 2003 et le 3 août 2005. Et comme, selon Cocteau, « aucun taureau ne sort jamais vivant de l’arène, le secret du rouge ne se divulgue jamais », il y aura toujours de nouveaux taureaux et de nouveaux présidents qui voient rouge…

Des chiffres et des lettres

Les militaires ont appelé leur truc, le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie, CMJD. Je pense qu’il s’agit d’une diversion car le véritable nom c’est le CMTN. Voilà pourquoi. Je te re-cite, cher Habib, quand tu écrivais en 1991 :

« Heureusement, s’il y a encore une logique, il nous reste sept modèles à tester. Nous avons eu le modèle CMRN, puis le modèle CMSN, et suivant l’ordre alphabétique, nous aurons bientôt CMTN, ensuite CMUN, CMVN, CMWN, CMXN, CMYN et CMZN. Vous avez encore beaucoup de boulot brigadier » .

En y réfléchissant de plus près, je me suis rendu compte que le CMJD n’était, en fait qu’un CMTN qui ne dit pas son nom. Il s’agit du Comité Militaire de la Transition Nationale. Ils ont seulement fait un camouflage en parlant plutôt de Gouvernement de Transition. Dans le langage militaire, la technique qui consiste à faire croire à l’ennemi- j’ose espérer que l’ennemi dans le cas d’espèce ce ne soit pas nous, les citoyens- autre chose que ce qui est vraiment, s’appelle la déception.

Ce qui m’inquiète moi, c’est la suite de la série, si je peux imaginer un CMUN qui serait le Comité Militaire d’Union Nationale, j’ai bien du mal à concevoir ce que serait un CMVN, ou un CMWN, ou un CMXN ou un CMYN, moins encore un CMZN. A moins qu’ils fassent recours à une langue slave, le polonais, par exemple, je ne vois pas comment ils s’en sortiraient pour trouver des dénominations à leurs divers comités.

Pour faire un récapitulatif, j’ai concocté le petit tableau suivant où figurent des lettres désignant les Comités et des chiffres indiquant leurs dates de naissance :

C-M-R-N 10-07-1978

C-M-S-N 06-04-1979 ou était-ce le 12-12-1984 ?

C-M-T-N 03-08-2005

Si d’aventure, tu avais raison, le jeu « des chiffres et des lettres » ne serait pas près de s’arrêter. Pour ma part, je souhaite seulement que tu te soies trompé et que ces braves messieurs veuillent bien mettre fin à la partie. Le jeu des chiffres et des lettres ne nous amuse plus.

Le loto

Le seul leitmotiv qui était de mise et qui continue encore, aujourd’hui, à guider le comportement politique de la majeure partie de nos hommes et de nos femmes politiques est simple: il faut absolument être du côté du plus fort, de celui qui est au pouvoir ou qui a le plus de chances d’y accéder.

Il n’y a pas si longtemps, les élections étant ce qu’elles étaient, ce n’était pas très compliqué de choisir son camp. Maintenant, c’est un peu différent, les arrivistes doivent bien se poser des questions avant de pouvoir frapper à la bonne porte. En effet, ceux qui sont au pouvoir ne se présentent pas (ni les membres du CMJD, ni ceux du Gouvernement) et ne peuvent soutenir l’un ou l’autre des candidats. Cela est consigné clairement dans une loi. Peut-être que certains finiront, faute de repères, par confier leur sort au hasard. Ecrire les noms de tous les candidats à la présidence sur des bouts de papier, les mettre dans un panier, bien mélanger et tirer un nom au hasard, comme au loto. Si c’est Messoud Ould Boulkheir, on va chez Messoud, si c’est Mint Jedein, on va chez Mint Jedein, si c’est Ahmed Ould Daddah, on va chez Ahmed…si c’est…etc. A chacun sa chance. Et comme dit le proverbe « que ne cessasse jamais de pleurer celui que le bâtonnet fasse pleurer ».

Quant à moi, j’attends pour voir. Je ne peux pas faire entièrement confiance, je me dis que c’est trop beau pour être vrai ! Tu sais, nous avons tellement été floués par le passé que nous ne pouvons plus faire confiance à quoi que ce soit. A qui que ce soit. Nous attendons de voir le référendum constitutionnel, les différentes élections : législatives, municipales et présidentielles. Que le nouveau président démocratiquement élu -de manière transparente- soit installé dans ses fonctions, pour que nous puissions y croire vraiment et donner libre cours à notre joie. Comme dit le proverbe : « celui qui a été mordu par le serpent a peur de la corde ».

Il y a tout de même certaines notes positives qu’il faut souligner, particulièrement en ce qui concerne les médias officiels. Ils font maintenant des émissions à peu près correctes, avec de vrais débats contradictoires sur toutes les questions d’intérêt national. Ils invitent les politiques de tout bord et permettent à toutes les opinions de s’exprimer. Ca c’est le bon côté. Le moins bon, maintenant, c’est qu’ils continuent toujours à lire le courrier du chef de l’Etat à la une du journal. Des choses comme : « Le Colonel Ely Ould Mohamed Vall, Président du CMJD, Chef de l’Etat a envoyé le message qui suit à Son Excellence ….le Président de Sao tomé et Principe, à l’occasion de la fête de l’indépendance de son pays :

Monsieur le Président,

A l’occasion de la fête de l’indépendance de votre pays frère, il m’est particulièrement agréable de vous souhaiter…etc. » ; Et, à chaque fois que je l’entende, ça me donne la nausée…j’ai chaque fois envie de leur crier à plein poumons : DE GRACE ! NE LISEZ PLUS LE COURRIER DU CHEF DE L’ETAT A L’ANTENNE, CA NE NOUS INTERRESSE PAS !!

Les fauves affamés et les chiens engraissés

« Hors de nos frontières » pour continuer dans le registre du JT, je voudrais te parler des suites du 11 septembre qui a conduit l’Amérique a envahir deux pays : l’Afghanistan et l’Irak. L’Amérique qui multiplie les fronts sous le slogan de « la lutte contre le terrorisme » et qui paraît, en ce début de millénaire, de plus en plus comme un colosse aux pieds d’argile. Je pense que c’est le commencement du déclin de l’Amérique qui viole à grande échelle les droits humains dans les prisons irakiennes et afghanes, et dans d’autres prisons clandestines gérées par la CIA, parfois, sur le sol même de leurs alliés européens les plus proches. Le scandale de la prison d’Abu Ghraib en Irak n’est peut-être que la partie visible de l’iceberg…Ceci sans parler de la prison de Gwantanamo Bay, qui est une insulte permanente pour le genre humain et où, sont détenus des prisonniers suspectés par le Pentagone d’être des terroristes dans un no man’s land juridique total. Une détention extrajudiciaire interminable, dont les victimes ne bénéficient d’aucune assistance judiciaire, font l’objet de toutes sortes de torture, mentale et physique, et sont détenus dans des conditions dignes des bagnes du moyen âge. A noter, au passage, que certains pays, comme la France, ont réussi à rapatrier certains de leurs ressortissants qui y étaient détenus. De notre côté, nous avons réussi la prouesse d’y envoyer au moins l’un des nôtres , il s’agit de Ould Sellahi.

Dans ce dossier, l’Amérique a perdu, malheureusement, toute dignité. Peut-être, le prélude d’un déclin qui semble inexorable. Un peu comme le début de la fin des grands empires de l’histoire, comme la Rome antique, qui a commencé à conquérir des pays lointains comme l’Egypte, la Grèce, etc. Avant de sombrer dans le néant. Sans parler des exactions commises à l’époque, à l’encontre notamment des chrétiens qu’on jetait en pâture aux fauves affamés dans leurs cages. Le parallèle est frappant avec l’Amérique d’aujourd’hui qui torture les musulmans et les jette, eux aussi, en pâture aux military dogs -engraissés, ceux-là- dans des cachots aussi lugubres et aussi ignobles que ceux de la Rome antique. Mais peut-être que les détenus de Gwantanamo, ceux des prisons américaines d’Afghanistan, d’Irak, et de je ne sais où encore, préfèrent avoir affaire aux military dogs plutôt qu’aux military servicemen/women qui sont souvent plus chiens et plus méchants que leurs chiens méchants. A l’image de cette Lyndie England, cette star parmi les « stars of the infamous Abu Ghraib photo-album » dont l’une des images où elle tenait en laisse un prisonnier nu et accroupi a fait le tour de la planète. Son intention était de ravaler ce prisonnier à l’état d’animal, un responsable du Vatican a dit que, curieusement, cette image avait eu l’effet inverse. En effet, c’est elle qui ressemblait plus à un animal. C’était elle, la bête. Le monstre. A en juger par l’air qu’elle avait, elle pensait à un sous titre du genre « La Belle et la Bête », le monde entier aura, plutôt, retenu « Le Prisonnier et la Bête ».

Sur le sol de l’Amérique même, le Patriot Act a relégué la notion de présomption d’innocence au rang de lointain souvenir.

Tout cela entre dans le cadre d’une guerre qui prend de plus en plus l’allure d’une guerre totale à l’échelle planétaire.

En 1991, après la chute du mur de Berlin et la défaite du communisme dans la Guerre froide, Fukiyama avait sifflé un peu trop tôt « la fin de l’Histoire ». Hunttington avait vu plus juste en annonçant « le choc des civilisations ». Le monde s’est réveillé avec fracas sur ce choc, ce jour du 11 septembre 2001 dont tu te rappelles, certainement. Nous continuons à en vivre les remous. La dernière péripétie en date, et qui ne sera certainement pas la dernière de cette guerre, qui prend parfois l’allure de véritable Croisade, est représentée par les caricatures insultantes pour le Prophète Mohamed Salla Lahu Alaihi We Sellem, qui ont suscité un vif émoi à travers l’ensemble du monde musulman. Affaire à suivre…

Kadafi et le Prix Nobel

Maintenant je voudrais te parler de choses qui, malgré un titre quelque peu pompeux, sont beaucoup plus terre-à-terre.
Pour ce qui est des nouvelles, tout à fait, personnelles. Non ! Notre ami Omère n’est pas encore devenu complètement ch… Non, il n’a pas encore été désigné Ministre de la Communication et encore non, il n’a pas encore décroché le prix Nobel de Littérature. Mais toutes ces choses ne devraient plus beaucoup tarder…Juste une question de temps.

Quant à Elemine Ould Ahmed Baba, il a concurrencé Kaddafi tout dernièrement en publiant un « petit livre vert » sous le titre « De mémoire de Nouakchottois » que -Dieu m’en garde- je n’ai pas encore lu pour une foule de raisons dont figurent, en tête de liste, ma paresse naturelle, mon manque de courage pour affronter une telle prose et le fait que je ne lis plus rien depuis le lancement de la « campagne du livre et de la lecture ». Même plus mon bulletin de solde ! On m’en a simplement enlevé toute envie. Quant à Elemine, après avoir terminé ses Mémoires de nouakchottois, il a enchaîné dans sa fuite du présent vers le passé, par ses Mémoires de lycéen et je ne serais pas surpris, outre mesure, qu’il commençasse bientôt ses Mémoires de collégien…

La plume magique

Je voudrais m’excuser auprès de toi pour deux choses. La première c’est de ne pas avoir mis le nom de l’auteur de la citation mise en exergue. J’ai tout simplement oublié son nom. Je m’en excuse d’ailleurs auprès de lui aussi. Si j’ai tenu à la mettre, quand même, c’est parce qu’à mon avis, elle résume d’une certaine façon l’histoire des régimes politiques qui se sont succédés en Mauritanie depuis l’indépendance de 1960 jusqu’à nos jours. Pour me racheter un peu, je citerai aussi ce quatrain de Shakespeare qui s’appliquerait aux différents dirigeants qui se sont succédés à la tête de notre pays :

The worldly hopes men set their hearts upon

Turns ashes or it prospers and- anon

Like snow on the desert’s dusty face, lighting

A little hour or two is – gone

La deuxième raison de mes excuses est que malgré que j’aie fait de mon mieux pour produire un texte à peu près correct, qui soit à la hauteur, je n’ai aucune illusion à ce sujet.

Ma prose sera toujours loin, très loin en deçà de la tienne. Je ne peux alors que répéter, à la suite de Mhemed Ould Ahmed Youra :

Eya nekhletei Lourine inni ale laahdi we inkuntuma minni ale lahdi vi zouhdi
Ve meblaghou jihdi en salamun alaikuma we leise yulamu lmaruu vi meblaghi ljuhdi

J’ai simplement voulu t’écrire une lettre où je dirais, comme D’Ormesson, « Presque tout sur presque rien ». Malgré que l’exercice soit périlleux,
j’estime cela utile pour te donner un peu l’air du temps qui passe mais qui ne passe plus comme il passait avant, quand tu écrivais encore « la chronique du temps qui ne passe pas ».

Je voudrais aussi redire que, hélas, nous n’avons pas encore de virtuose de ta trempe, de magicien du verbe, maîtrisant ce que les stylistes arabes appellent sahl lmoumtenii, de prestidigitateur linguiste, capable d’un coup de plume magique, de diriger la danse des mots, de les remplir de vie et de sens pour nous faire rire de tout coeur. Pour nous faire réfléchir, aussi. Pour nous faire rêver, surtout…

Salut,

Mohamed Salem Ould Moloud

P. S : Finalement, la route Tiguind-Lmedherdhre ne fera point partie de la liste des réalisations de la défunte Direction Nationale et ce malgré le refrain de la chanson « Lkheir jane vimjikum… »

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