Du putschiste professionnel au “président des pauvres”
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Aant de s’imposer par les urnes, le général Mohammed Ould Abdel Aziz (53 ans) était surtout connu pour son habileté à organiser (ou neutraliser, selon les circonstances) les coups d’Etat, principal mode d’alternance au pouvoir en Mauritanie depuis l’indépendance, en 1960, de cette ancienne colonie française.
Mais bien que putschiste averti, cet ancien chef du bataillon de la sécurité présidentielle (Basep), sorte de garde prétorienne déployée autour du chef de l’Etat, a longtemps préféré demeurer dans l’ombre. Ainsi, le 3 août 2005, c’est son cousin germain, Ely Ould Mohammed Vall, qui occupe le devant de la scène après le coup d’Etat qui renversa, aux premières heures du jour, le régime de Maaouiya Ould Taya au pouvoir depuis 1984. Le même Mohammed Vall conduit la transition démocratique et s’attribue les mérites de l’organisation réussie, en 2007, de la première élection présidentielle pluraliste de la jeune République mauritanienne. Abdel Aziz reste dans les coulisses, à la tête du Basep, où on lui prête toutefois une influence déterminante sur la conduite des affaires.
Le 6 août 2008, énième coup d’Etat, mais cette fois le général Abdel Aziz, formé à l’Académie royale marocaine de Meknès et à Alger, sort du bois. Il prend la tête du Haut Conseil d’Etat, la junte militaire dont il démissionne, au printemps, pour pouvoir se présenter à la présidentielle.
Impulsif et entêté, ce militaire moustachu, qui porte ostensiblement une alliance comme le symbole de ses convictions laïques dans une République islamique, ne manque pas d’instinct politique. Rompant avec le jeu entre les clans et les tribus qui domine le système politique mauritanien et désespère la population, il s’est construit ces derniers mois l’image d’un”président des pauvres”.
Christophe Châtelot