Mauritanie : La lutte contre la corruption bat son plein

En Mauritanie, pays miné par des coups d’Etat successifs, le nouveau président élu en août dernier a engagé la lutte contre la corruption et la gabegie. Des personnalités, civiles et militaires, y compris de son propre camp, ont été arrêtées ou suspendues de leurs fonctions. Une première dans ce pays !

SYFIA – Le nouveau président Mouhamed Ould Aziz, élu le 18 juillet dernier, a engagé une lutte sans merci contre le détournement des deniers publics et la mauvaise gestion. Depuis son installation officielle, le 5 août, de hautes personnalités de l’Etat, civiles comme militaires, ont été emprisonnées ou limogées. Certaines ont été sommées de rembourser illico l’argent et les biens mal acquis.

Plusieurs têtes sont déjà tombées : celles des gouverneurs de Nouakchott et de Nouadhibou, la capitale économique, et celle du préfet de Teyaret, un arrondissement de la capitale. Ont suivi les limogeages de directeurs d’importantes sociétés d’Etat pour mauvaise gestion et malversation financière. Et comme pour dire aux Mauritaniens que personne n’est plus ‘intouchable’, le président a même fait arrêter le patron du Programme national de lutte contre le Sida. Ce médecin qui serait, dit-on, son beau-frère, est accusé d’avoir détourné avec ses collaborateurs des centaines de millions de dollars Us. ‘Nous sommes heureux de constater qu’un détournement peut maintenant être à l’origine d’un limogeage ou d’un emprisonnement. Du jamais vu dans ce pays ! Pourvu que ça dure…’, commente Sidi Salem, membre de l’Ong Solidarité.

L’homme de la rue s’interroge aussi sur le sort qui sera réservé aux officiers mauritaniens. ‘Ces enfants gâtés des régimes successifs’, selon un patron d’une Pme, resteront-ils intouchables ? ‘Non !’, semble dire le général Aziz, arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat militaire, en août 2008. Pour la première fois, en effet, un colonel de l’armée est emprisonné pour une affaire de chèque sans provision.

Assainir la gestion publique et promouvoir la bonne gouvernance, qui faisaient partie des promesses électorales du candidat Aziz, sont devenus ses mots d’ordre en tant que président. Certaines des personnalités aujourd’hui mises en cause avaient participé à la campagne à ses côtés dans l’espoir, aujourd’hui déçu, de conserver leur poste. Salif Bâ, un infirmier, longtemps frustré par l’impunité et l’arrogance de certains hauts fonctionnaires et hommes politiques, se montre plus que satisfait : ‘Un civil n’aurait jamais eu ce courage. Voilà pourquoi je suis un fan des présidents issus de l’armée.’ Un sentiment que partagent aujourd’hui bon nombre de jeunes qui ont voté Aziz en juillet 2009 après avoir pourtant manifesté contre lui un an plus tôt après qu’il eut renversé son prédécesseur, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, élu démocratiquement en mars 2007.

Toutes ces sanctions ont redonné l’espoir aux Mauritaniens qui prennent maintenant plus au sérieux la volonté du nouveau président d’assainir les finances publiques. La quasi-totalité des personnes emprisonnées ou limogées appartient à son propre camp. ‘Laissez-moi le temps de tamiser les institutions’, a-t-il lancé le 3 septembre dernier en recevant un groupe d’administrateurs de sociétés d’Etat. Plus récemment, il a même traité certains responsables de médias publics de ‘voleurs’.

Sur le plan social, le président a aussi marqué des points. Il a tenu la promesse faite avant son élection de lotir et de doter d’infrastructures Haye Saken, un bidonville de plus de 150 mille âmes dans les faubourgs de Nouakchott. Une fois les travaux effectués, des personnes plus nanties ont tenté de déposséder les habitants de leurs parcelles. Informé, le président a donné l’ordre de démolir toutes les belles villas. Des centaines de véhicules 4X4 appartenant à l’Etat ont aussi été récupérés auprès de dignitaires.

En Mauritanie, la lutte contre la corruption a même éclipsé dans les esprits le travail effectué pour tenter de sortir le pays des difficultés économiques nées de la longue crise politique qui a suivi le putsch. De grands chantiers routiers ont été lancés notamment à Nouakchott. Depuis cet été, les soins des pauvres malades du paludisme sont pris en charge par l’Etat. Alors qu’au lendemain du putsch, de nombreux bailleurs avaient cessé leur appui à l’Etat mauritanien, le Fmi et la Banque mondiale sont de retour. La reprise de leurs projets et le renflouement des caisses de l’Etat sont interprétés comme des signes de reconnaissance de la bonne gouvernance du régime.

Mais, pour certains observateurs, à déranger tant de puissants intérêts, le président ne risque-t-il pas, à son tour, d’être évincé par un de ces coups d’Etat dont la Mauritanie est coutumière ? Depuis l’indépendance du pays, il y a près de 50 ans, hauts fonctionnaires, officiers et hommes politiques ont, en effet, accumulé de grosses fortunes en détournant l’argent de l’Etat sans jamais être inquiétés.

source : walfajri

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