Des milliers de tentes protestent toujours au Sahara occidental
Le 25 octobre, deux Français, une jeune femme engagée dans le développement du commerce équitable et un photographe, nous faisaient parvenir par mail leur témoignage sur le soulèvement pacifique d’environ 20 000 Sahraouis « pour le respect de leurs droits socio-économiques et d’autodétermination » face à « l’occupant » marocain.
Ce dimanche, ils nous ont envoyé une vidéo et un nouveau témoignage sur la mobilisation -peu relayée en France- de ces familles, installées dans quelque 8 000 tentes à quinze kilomètres de Laâyoune, « capitale » du Sahara occidental.
La mort du jeune Nayem el-Gareha, 14 ans, [le dimanche 24 octobre, sous le feu des militaires marocains, ndlr], est toujours présentée par la presse marocaine comme un cas de légitime défense de l’armée. Ils retiennent donc les blessés comme de dangereux criminels. L’un d’eux aurait été transporté à l’hôpital dans un état grave.
Il y a trois barrages entre la ville de Laâyoune et le campement des Sahraouis :
le premier de la police (à la sortie de la ville),
le deuxième des gendarmes (au milieu de la route),
le troisième des militaires (à l’entrée du campement).
La file de véhicules souhaitant entrer dans le campement ne cesse de s’allonger. Les militaires interdisent aux Sahraouis qui arrivent d’installer de nouvelles tentes et les confisquent à l’entrée du campement.
Un bateau chargé de médicaments bloqué au port par l’armée
Des Sahraouis et des militants espagnols des Iles Canaries ont rassemblé des médicaments à destination des familles du campement, et les ont envoyé par bateau. Celui-ci est arrivé [samedi 30 octobre] au port de Laâyoune-plage mais est retenu par l’armée qui bloque l’acheminement de son chargement.
Outre les médicaments -qui font défaut-, le bateau transportait un groupe électrogène et du matériel pour transmettre de l’information directement depuis le campement.
Ce même jour, l’armée a également bloqué l’entrée au campement de deux véhicules sahraouis qui transportaient de quoi construire des toilettes.
6/10 – Un membre de l’organisation chargé de la sécurité interne du campement – TotasproD.
Les Sahraouis solidaires face à la « mise en scène »
A la sortie du campement, les Marocains ont entrepris de proposer aux Sahraouis de signer un « contrat » dans lequel ils s’engagent, contre la promesse d’un logement, à ne plus y revenir.
Les Sahraouis du camp se sont rassemblés pour assurer qu’ils resteraient solidaires entre eux, que leur besoin de logement était bien réel mais que leurs revendications étaient plus larges : emploi, santé, autodétermination… (Voir la vidéo)
A Laâyoune, les Marocains ont organisé une mise en scène pour les journalistes marocains : ils annoncent que les Sahraouis quittent le campement en échange de promesses de logement, ce grâce aux quelques Sahraouis qui ont accepté l’offre marocaine et aux Marocains se faisant passer pour des Sahraouis en revêtant des vêtements traditionnels.
Les membres de la sécurité interne arrêtent d’ailleurs quotidiennement des Marocains qui tentent d’infiltrer le campement pour semer le trouble.
Des journalistes espagnols ou français et un élu italien
Quelques journalistes espagnols ont réussi à entrer dans le camp -dont un journaliste réputé d’El Pais, Ignacio Cembrero.
Nous avons aussi pu rencontrer un élu italien et enfin, la première journaliste française officielle : Léa-Lisa Westerhoff, correspondante au Maroc de Radio France Internationale (RFI).
Nous avons pu nous aussi re-rentrer dans le campement pour la troisième fois, après s’être faits refouler dans la nuit de vendredi à samedi.
Il faut savoir qu’entrer dans le campement se fait clandestinement, et en utilisant de nombreuses précautions.
En ce qui nous concerne, étant surveillés dans la ville par les policiers, nos déplacements sont très épiques. Mais il existe une forte solidarité des Sahraouis avec les étrangers qui souhaitent entrer : ils redoublent d’imagination pour nous faire passer.
Je ne donne pas plus de détails pour permettre aux autres de continuer à faire des allers-retours.
Photos : TotasproD.