Usurpation des domaines publics.. Ou quand l’arbre cache la forêt
Tout au long des quatre axes nationaux de Nouakchott-Rosso, de la route de l’espoir, de Nouakchott-Atar et de Nouakchott-Nouadhibou, poussent comme des champignons nocifs et dans un désordre indescriptible des auberges sans éclat ni clients, tant du point de vue de leurs formes architecturales dénudées de tous labels et sans symétries, que de celui de leurs tailles et formes inconsistantes qui ne laissent aucun mystère sur un confort précaire à défaut d’être totalement inexistant.
Ces auberges mettent à nue leurs détenteurs aussi naïfs que peu scrupuleux issus, pour la plupart parmi eux, de sphères influentes à plusieurs niveaux politique, social et économique. Il est presque voyant que par un tel procédé ces nouveaux propriétaires terriens se sont volontairement et sans retenue rués sur les domaines publics se situant sur ces axes stratégiques, les arrachant par la méthode camouflée de la «gazra» et en faisant sans grands efforts administratifs des possessions terriennes et chasses gardées privées.
Mais autant cette spoliation des propriétés domaniales publiques tous azimuts créent une anarchie totale et certaine, allant jusqu’à voir se proliférer de manière anarchique des amas de briques de bois et de métal en guise de constructions hybrides et sans âmes, planter des cornières et piquets biscornus et bigarrés en tous endroits, et transformer en dépotoir les ultimes centimètres de ce qui devait rester la marge de sécurité bordant l’axe, autant elle est une usurpation qui constitue un flagrant délit passible de lourdes peines d’amandes et d’emprisonnement parce que grave atteinte à la loi, une profanation et un surpassement des compétences de l’Etat.
Une vérification efficiente sur ces routes nationales doit être désormais observée et suivie. C’est elle seule qui pourrait confirmer formellement cet état fâcheux des choses imposé comme fatalité et ouvrirait les yeux sur l’inopportune acceptation de celui-ci au savoir de la grande importance de ces espaces que révéleraient bien leur gestion et leur capitalisation dans la maitrise du phénomène galopant de l’urbanisation.
C’est dire donc qu’une telle situation d’anarchie et d’absence de l’Etat en appelle urgemment les autorités à prendre en main ces domaines spoliés, en sommer les usurpateurs potentiels aux allures de «gazzaras» modernes à dégager toutes leurs colonies incongrues qui ne sont que le sacre hélas de l’esprit campagnard se traduisant par un attachement valétudinaire aux senteurs polluantes de chamelles, de vaches et de chèvres qui viennent de mettre bas, séquestrées dans ces «badiyas» artificielles.
L’Etat doit en mesurer l’importance dans sa politique générale et au plan global de développement. Il doit aussi se mettre à la tâche d’inserer ces domaines ainsi retrouvés dans un plan d’émancipation innovant pour une urbanisation maitrisée, mesurée et rationnelle.
Plus que cela, ces usurpateurs doivent être poursuivis et sanctionnés, femmes, jeunes, notables, grands fonctionnaires, officiers supérieurs, hommes d’affaires et acolytes des dépositaires des grandes fonctions dirigeantes et décisionnelles.
C’est en cela seulement que tiendrait et de manière formelle l’arrêt cette grave atteinte aux domaines et compétences de l’Etat restée une triste coutume héritée des temps anciens de la ”Seïba” c’est-à-dire de l’esprit anarchiste qui continue d’être ardemment maintenu pour les impératifs obligés du maintien de ce statuquo.