Qui a coupé les arbres de Nouakchott ?

Nouakchott, mercredi 4 mars, avenue de la Poste. Des hommes avancent, mission : couper tous les arbres de l’avenue, depuis la Banque Centrale jusqu’après l’hôtel Mercure, des arbres vieux de plusieurs décades, et qui permettaient aux passants de se protéger du soleil et de la chaleur sur le chemin du retour du travail, et qui faisaient en même temps la joie des vendeurs de télécartes et autres vendeurs à la sauvette ;

La société Pizzorno est appelée, son responsable prié de fournir le matériel pour couper les arbres; son directeur décline poliment et précise : ‘’je peux nettoyer, faire place nette si on me requiert pour cela, mais je ne suis pas outillé pour couper les arbres !’’. Qu’à cela ne tienne ! Ces hommes, chargés de cette mission, par on ne sait qui s’en chargeront eux même…

Vers 22 heures mercredi soir, ils s’attaquent aux arbres de l’avenue Nasser, à proximité du ‘’Square des blocs’’, surnommé par les jeunes ‘’Maidan Tahrir’’, place de la Liberté, en hommage à la place centrale du Caire, symbole de la révolution qui a renversé le Président Moubarak, dont la jeunesse égyptienne est à l’origine.

Une fois les arbres consciencieusement coupés, les carcasses d’arbres, les troncs, et autres ronces sont entreposés… sur la Place de la Liberté, qui jeudi matin devient un océan de verdure…

Vers 10 heures, la presse ayant été prévenu que la Place était envahie de ces détritus végétaux, visiblement déposés là dans le but de gêner la manifestation du vendredi 4 mars, je me présente pour ”inspecter” les lieux. Surprise, les camions et les bulldozers de Pizzorno sont présents en force, et le directeur – français – de la société est là, à haranguer ses employés : ‘’Pas comme ça ! Plus haut !’’

A la question : ‘’Qu’est-ce que vous faites ? Est-ce vous qui avez entreposé ces détritus ?’’, il répond : ‘’Non, absolument pas ! Ce n’est pas nous !’’, ‘’Alors, qui est-ce ?’’, réponse ‘’je ne sais pas, on n’est pas au courant; nous on nous a appelé, et on nous demande d’enlever ces détritus en urgence, de nettoyer la place, et de faire place nette, immédiatement !’’

Alors, une question se pose : Qui a décidé de couper ces arbres ? Qui a demandé de noyer la place de la Liberté sous les troncs, et les détritus ? S’agit-il d’une initiative privée ? D’une frange du pouvoir ? Laquelle ?

De la réponse à cette question dépendront beaucoup de choses dans la tournure que prendront les évènements dans l’évolution du mouvement actuellement en cours dans notre pays, et dont notre jeunesse est à l’avant-garde.

Par Ahmed Baba Ould Hamoud


Cusulter les photos sur la source : Cridem