Libye : la voie diplomatique explorée par Paris et Londres

Par Jean-Jacques Mevel

Le couple franco-britannique prépare une initiative pour un règlement

pacifique.

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Kadhafi court toujours, mais après une semaine de bombardements la France et la Grande-Bretagne tentent d’ouvrir un nouveau chapitre: Nicolas Sarkozy et David Cameron comptent dévoiler avant mardi les étapes d’un réglement pacifique en Libye.

«Vraisemblablement avant le sommet à Londres, Cameron et moi-même proposerons une voie commune. Ce sera une initiative franco-britannique pour bien montrer que la solution ne peut pas être que militaire, elle sera forcément une solution politique et diplomatique», a annoncé le chef de l’État à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.

Dix jours après le lancement de l’offensive aérienne, le rendez-vous international de Londres devrait signaler mardi un triple tournant. Sur le plan militaire, il marquera une passation de pouvoir sans précédent des États-Unis vers les puissances européennes et l’Otan. Sur le plan politique, il consacrera l’engagement régional des Arabes et des Africains et préfigurera peut-être les tenants d’une «réconciliation» libyenne à mener sans Kadhafi.

Sur le plan symbolique enfin, il s’agit d’offrir à des opinions européennes partagées une autre perspective que la guerre. Nicolas Sarkozy se réjouit de la fermeté du «couple franco-britannique sur lequel repose l’Europe de la défense». Mais il «ne veut pas d’une pomme de discorde entre la France et l’Allemagne» et réfute tout coup de froid avec Angela Merkel depuis qu’elle a refusé de voter le texte poussé par Paris et Londres au directoire de l’ONU. L’Élysée n’a pas voulu préciser vendredi le contenu de l’initiative préparée avec le 10 Downing Street. Mais tout porte à croire qu’elle viendra prolonger la reconnaissance par Paris du Conseil national libyen de transition (CNT), né dans l’insurrection à Benghazi. Vendredi, le président s’est contenté d’appeler l’entourage immédiat du colonel Kadhafi à faire défection. «Si demain, le fils de Kadhafi annonce que (la répression) doit s’arrêter et qu’il se désolidarise de son père, il y aurait toute raison de croire à un acte de bonne volonté», a-t-il dit.

Les portes de la réconciliation
La France se garde bien de dicter un avenir démocratique aux Libyens. Pourtant elle ouvre jusqu’à Tripoli les portes de la réconciliation qu’espèrent les Occidentaux, une fois le régime du colonel démembré et les hostilités terminées. «Le CNT n’est pas toute la Libye, plus les opposants libyens s’exprimeront et mieux ce sera», confiait vendredi un haut responsable français. Au sommet, les Vingt-Sept se sont eux-mêmes engagés à soutenir ce futur «dialogue sur une large assise, en veillant à la souveraineté de la Libye et à son intégrité territoriale». Compte tenu du risque de «somalisation» du pays, il n’est, en effet, pas question de privilégier un parti, une région ou une tribu, insiste-t-on à Bruxelles.

Sur le dossier plus technique mais tout aussi sensible du partage des responsabilités entre l’axe franco-britannique, le Pentagone et l’Otan, Nicolas Sarkozy a justifié le ralliement français à la chaîne de commandement de l’Alliance atlantique: «Dès lors que les États-Unis ne veulent plus être le leader, pourquoi devrais-je m’opposer à l’Otan? Pourquoi faudrait-il inventer un système qui n’existe pas? La solution de bon sens, c’est la machinerie de l’alliance et son commandement à Naples.»

Au bout d’un laborieux compromis négocié au QG de Bruxelles, les alliés devraient verrouiller à temps pour le sommet de Londres l’organigramme qui permettra au Pentagone de se retirer sur la pointe des pieds. Avec à son sommet un comité de «pilotage politique» regroupant les onze pays qui ont des avions dans le ciel libyen. Et en dessous l’Otan, chargée selon Nicolas Sarkozy de répartir les missions et les créneaux de vol. Dans tous les cas, «la décision de frapper sera prise par les autorités nationales», affirme le président.

Le Figaro

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