Quand Khalil Ould Tiyib réinvente le discours du PRDS.

A entendre le député UPR (ça je ne l’ai su que quand j’ai entendu Ould Jidine l’annoncer), El Khalil Ould Tiyib, lors de la présentation du bilan du Gouvernement, la Mauritanie traverse vraiment son « âge d’or » sous le règne du président Aziz !

Son discours de six minutes, lu devant des députés de la Majorité certainement surpris d’être dépassés, si rapidement, par ce nouveau venu, a gêné un Premier ministre – modeste dans son propos quoique défendant son gouvernement – qui ne croyait pas qu’on pouvait encore prononcer des dithyrambes de ce genre.

Ceux qui ont écouté l’ancien bras de doit de Messaoud Ould Boulkheir au sein de l’Alliance populaire progressiste (APP) penseront sûrement que cet homme n’a jamais appartenu à l’opposition. Ou que, s’il en était ainsi, il jouait un rôle qui n’a jamais été compris par ses anciens compagnons d’armes.

D’ailleurs, une remarque du député Ghassem Ould Bellali résume, à elle seule, tout le « bien » que les mauritaniens pris dans la tourmente des problèmes (flambée des prix, sécheresse, crise politique et sociale) penseront d’un député qui, pour défendre le pouvoir, oublie ce pourquoi il a été élu : la défense des intérêts des citoyens qui lui ont accordé leur suffrage.

Une attitude équivoque qui relève d’une gymnastique de l’esprit, d’un besoin de plaire au Maître du moment et d’une adaptabilité à tout contexte « payant » qui empêchera sans doute le député Khalil de briguer un second mandat, sans le soutien ferme d’un pouvoir qui dit, pourtant, ne plus se reconnaître dans les discours qui ont perdu le président Taya.

S’il faut vraiment user d’un tel langage pour plaire au prince du moment, on voit mal comment les députés de la Majorité pourraient convaincre de leur bonne foi. Certes, on ne peut pas leur demander d’emboîter le pas à l’opposition (tout comme ils s’insurgent eux-mêmes contre les attaques de celle-ci) mais il faut aussi comprendre que les mauritaniens ne sont plus preneurs d’un discours qui leur présente une vie idyllique alors que la réalité est tout autre.

Les chiffres ne suffisent pas pour atténuer les souffrances de familles qui arrivent difficilement à joindre les deux bouts. La croissance et la stabilisation des indicateurs macroéconomiques dues à l’amélioration sensible des dividendes tirés du secteur minier et à un fort afflux de l’aide étrangère, sous formes de prêts que les générations futures devront supporter, n’est pas de nature à convaincre les mauritaniens que ce gouvernement là travaille pour eux.

Tout dépendra de la manière dont 2012 sera abordée, et notamment de la réussite ou non du nouveau plan d’urgence. Car à entendre les critiques des députés (de la Majorité et de l’Opposition), « Emel 2012 » risque de connaître les mêmes disfonctionnements que ceux qui ont empêché « Solidarité 2011 » de convaincre de son efficacité.

Beaucoup d’argent en jeu, plusieurs intervenants et, finalement, des déceptions à n’en pas finir. La reconnaissance que quelque chose avait coincé, au niveau du programme « Solidarité 2011 », est sans doute ce retour en force de la Sonimex, pour « Espoir 2012 » qui met out les commerçants avec lesquels le ministère du Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et du Tourisme collaborait étroitement dans le cadre des opérations Ramadan et des plans d’urgence.

Sneiba