Les Frères Musulmans, de la clandestinité à la présidence

Un des dirigeants de l’organisation islamiste, Mohamed Morsi, a remporté dimanche l’élection présidentielle égyptienne. Comment est organisée la confrérie et que prône-t-elle ?

«Initialement en retrait du mouvement de contestation contre le président égyptien Moubarak, les Frères musulmans sont devenus la principale force politique du pays, remportant ausi bien les élections législatives que présidentielles. C’est donc leur candidat, Mohamed Morsi, qui est devenu le 24 juin 2012 le premier président élu de l’histoire du pays. Gros plan sur les rouages d’une organisation islamiste redoutée par les gouvernements occidentaux.

• Idéologie : Les Frères musulmans militent pour l’établissement d’un État islamique en Égypte et l’installation de la charia, ou «loi de Dieu». Le puritanisme qu’ils revendiquent rejette la mixité, l’alcool et les jeux de hasard. Islamistes, ils sont hostiles à toute normalisation des relations avec Israël. Ils ont en revanche renoncé à la lutte armée depuis les années 1970.

• Naissance et dates-clés: L’Organisation a été fondée en 1928 dans une Égypte sous mandat britannique. Déplorant l’influence de l’occupant, jugée corruptrice, sur la société égyptienne, son fondateur Hassan al-Banna souhaitait imposer les valeurs de l’islam en s’appuyant pour cela sur le pouvoir politique. Cette façon novatrice de lier fortement politique et religion en fait l’inspirateur de l’islamisme sunnite.

En 1948, ses membres assassinent le premier ministre Mahmoud Fahmi al-Noqrachi ; Hassan al-Banna est tué en représailles l’année suivante. Le président égyptien Gamal Abdel Nasser leur porte ensuite des coups très durs entre 1954 et 1970, après une tentative d’assassinat contre sa personne, imputée au mouvement. Pendant cette période, les Frères sont arrêtés par milliers. En 1970, le président Sadate, soucieux de se démarquer de l’idéologie nassérienne, prononce une amnistie générale et libère les cadres emprisonnés. Mais ils vivent très mal le revirement de Sadate et les accords de paix avec Israël. En 1981, Sadate sera assassiné par d’ex-membres de la confrérie passés à l’extrémisme. En 1987, Moubarak est alors déjà président , les Frères musulmans deviennent la principale force d’opposition avec 37 députés.

• Rôle dans la révolte: la révolte populaire contre le régime Moubarak, initiée par des mouvements de jeunes laïques en janvier 2011, semble prendre la confrérie par surprise. Seuls les jeunes Frères musulmans y prennent part au début, avant que le mouvement islamiste ne s’y rallie progressivement. Tout au long de la transition politique, la confrérie donne le sentiment d’alterner entre confrontation et connivence avec le pouvoir militaire, ainsi qu’avec les partis et mouvements laïques, s’appuyant alternativement sur les uns ou les autres pour faire avancer ses intérêts.

• Représentativité: Les Frères musulmans étaient jusuq’à leur accession au pouvoir la force d’opposition la plus structurée en Égypte. Après la chute de Moubarak le 11 février 2011, la confrérie a pu former un parti politique légal, qui s’est présenté sous le nom de «Parti de la liberté et de la justice» (PLJ) aux élections législatives de 2011/2012. Il a remporté près de la moitié des sièges, mais la dissolution mi-juin de l’Assemblée pour irrégularité dans le scrutin la prive désormais de son bastion parlementaire.

Pendant l’ère Moubarak, la confrérie présentait des candidats au Parlement sous l’étiquette d’indépendants. Après une percée aux législatives de 2005, qui les avait vu remporter près de 20% des sièges, le pouvoir avait fait en sorte que ce succès ne se renouvelle pas en novembre 2010, en arrêtant notamment des milliers de membres de la confrérie entre les deux scrutins. A l’issue du premier tour du scrutin, les Frères musulmans, dénonçant l’ampleur des fraudes, s’étaient retirés de la compétition.

• Leur assise dans la société: Les Frères musulmans disposeraient de cent mille soutiens payants et de millions de partisans. Ils tirent leur légitimité d’un réseau d’œuvres sociales très dense, qui vient pallier les carences de l’État égyptien auprès des plus pauvres. La confrérie est particulièrement active dans les mosquées, où elle mène des actions d’aide aux défavorisés, dans les universités et au sein des syndicats. Elle contrôle également la Gamia Charia qui, avec ses 450 filiales, 6000 mosquées et ses deux millions de membres, est la plus importante association de bienfaisance islamique égyptienne.

• Les ramifications à l’international: En 80 ans, les Frères musulmans ont établi des ramifications dans presque tous les pays arabes, prônant un mélange très dense de religion et de politique. Certains groupes de partisans se sont constitués en mouvements indépendants évoluant vers un islamisme plus radical et violent. C’est le cas notamment du mouvement palestinien Hamas, inscrit sur la liste des organisations terroristes des États-Unis et de l’Union européenne.

• Les Frères musulmans et les pays occidentaux: Les Frères musulmans, qui prônent un islamisme non-violent, ne sont pas considérés comme une organisation terroriste par les Occidentaux. Ceux-ci redoutent en revanche les conséquences de leur participation au pouvoir sur la stabilité géopolitique de la région, l’Égypte étant le principal interlocuteur arabe dans les négociations pour la paix au Proche-Orient, et l’un des deux seuls États musulmans à avoir conclu une «paix froide» avec Israël. Dès l’an dernier, les États-Unis comme de nombreux autres pays étrangers ont engagé ouvertement des contacts avec la confrérie, afin de tenir compte de la nouvelle donne politique égyptienne.

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